Souvenirs d’auditeurs : Tour 89

A l’occasion de l’épisode consacré au Tour 89, nous avons fait appel à… vous ! Vous qui étiez dans la salle au moment où les grilles se sont ouvertes.

Nous avons sélectionné certains témoignages qui figurent dans l’épisode, découvrez ci-dessous tous les souvenirs reçus. Merci encore à tous les participants !

Hubert (Saint-Etienne, 11 mai 1989)

J’étais à Saint-Etienne pour ce qui était, je crois, le premier concert de Mylène… J’étais jeune à l’époque.

C’est vieux… Mais c’était mon premier concert. J’avais 11 ans. Je me souviens de l’effet wow des décors, avec ce portail géant. Et cette ouverture magistrale qui reste pour moi l’une de ses meilleures entrée en scène. Après tout était fou : les chorégraphies, les costumes, l’ambiance… A son entrée en scène j’ai pleuré de joie. En plus j’étais tout près de la scène.

Mes meilleurs souvenirs du concert : « Tristana », parce que jamais rechanté sur scène depuis, et « Maman a tort ».

© Marianne Rosenstiehl
© Marianne Rosenstiehl

Franck (Palais des Sports, mai 1989)

Pour ma part c’était au Palais des Sports, à Paris. Je me souviens d’une salle surchauffée, au sens propre comme au figuré, de l’attente des spectateurs qui tapaient des pieds sur les gradins en bois à en faire vibrer tout le sol et scandant le nom de Mylène ! à plein poumons ! De l’excitation quand la musique d’intro a commencé à devenir un peu plus forte jusqu’à envahir tout l’espace… Et surtout, de ce moment quand le moine ouvre les grilles avec ces bruits assourdissants de clés et de portes qui grincent mêlés à l’intro avec le bruit de la clepsydre et le tic-tac incessant.

Le spectacle en lui-même est passé si vite… A l’époque pas d’écrans vidéos ou de décors monumentaux… et c’était tout aussi bien, sa seule présence envahissait toute la scène.

Les costumes, les chorégraphies, les lumières, les arrangements… tout était là pour faire un show vraiment à part… A ce moment, je crois que beaucoup on dû se dire : ok, ce n’est pas juste une étoile filante obsédée par le suicide, elle sait chanter, tenir une scène et surtout tenir un public, et elle sait surtout combiner légèreté et gravité sans que l’un empiète sur l’autre…

C’est justement ça que j’avais adoré : c’est que malgré ce décor de cimetière et le personnage un peu dépressif qu’elle entretenait à l’époque, le spectacle est loin d’être triste et une certaine euphorie et électricité transpiraient de ce spectacle.

Je me souviendrai particulièrement de « Sans contrefaçon » et de l’énergie qu’il y avait dans la salle dès que les premiers accords ont retentis… Tout le monde debout, en train de chanter… et du final qui, même si certains ont trouvé que c’était trop téléphoné, était très touchant et clôturait le spectacle de façon grandiose.

Mon coup de cœur restera « Allan », qui reste ma chanson préférée…

© Marianne Rosenstiehl
© Marianne Rosenstiehl

Alexandre (Palais des Sports, 18 mai 1989)

De mémoire, c’est mon premier « grand » concert. J’ai 20 ans, j’ai acheté le billet sur minitel dès début 1989 et j’ai réservé ma place pour la première date au Palais des Sports, le 18 mai 1989.

Le jour J, je ne tiens plus en place, je tourne autour du Palais des Sports tôt, très tôt. Finalement, je m’installe devant la porte vers midi. Nous sommes une petite dizaine de personnes. On échange, on discute, on parle des chansons, des clips.

L’après-midi passe. Vers 16 heures, une berline noire, vitres teintées vient se garer devant les portes du Palais des Sports. Une petite bonne femme, menue, rousse, descend de la voiture, quasiment devant nous… C’est elle ! Deux filles se précipitent vers elle, sourires, autographes… les autres, dont moi, nous restons figés de stupeur, n’osant pas l’aborder.

Après l’entrée de Mylène. On entend les musiciens qui doivent faire une balance. On reconnaît « Plus grandir », musique légèrement différente que celle de l’album puis la voix de Mylène. Tout de suite, je repère que sa voix est plus grave mais du coup, cela me rassure sur la prestation du soir.

Vers 17h, la foule s’intensifie. Nous rentrons dans la salle vers 18h, de mémoire. Nous évitons la fosse, nous sommes assis au premier rang, côté jardin. Le concert commence…

J’ai souvenir que pendant le prologue et « L’horloge » j’ai l’impression de ne rien entendre ! Le public hurle tellement que le son est inaudible. Puis doucement, le public se calme un peu. Ensuite le concert se déroule tel que le tout le monde le connaît.

Pas d’anecdotes particulières, juste l’impression que cela passe super vite. Je pense être bouche bée du début à la fin, avec une préférence pour « Sans contrefaçon ».

30 ans après, c’est un jour gravé dans ma mémoire à jamais. J’ai eu la chance de vivre tous les concerts de Mylène mais celui-ci restera le premier et l’unique. C’était plus qu’un concert, c’était un spectacle…

© Marianne Rosenstiehl
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Olivier (Palais des Sports, 18 mai 1989)

Fan de Mylène Farmer depuis l’album « Ainsi soit Je… », j’avais déjà 19 ans et demi (je tiens à mon demi) quand j’ai assisté en mai 1989 à son concert au Palais des Sports, à Paris. Je crois qu’il s’agissait de la première date parisienne, le 18.

A cette époque pas d’Internet pour avoir les premières informations sur le concert, seulement les médias officiels. Quelques mots ici et là dans quelques revues sur l’entrainement de Mylène car elle n’était pas encore drapée dans son voile de mystère !

L’aspect que j’aimais aussi à travers les quelques interviews était qu’elle savait très bien qu’elle était attendue au tournant par les critiques, et qu’elle aimait affûter elle-même la lame de la guillotine au dessous de son frêle cou.

Donc la joie d’une surprise intégrale en assistant au concert. Une grille en guise de scène, mais que se cache-t-il derrière ? On rigole, on plaisante, et voilà que le “tic, tac” d’une horloge annonce, sans première partie, le début du concert..

Un moine, probablement un fou échappé du Tibet, vient ouvrir la grille dans un fracas de bruits de chaînes et de métal et laisse apercevoir enfin le décor : un cimetière un peu bancal et probablement pas visité depuis pas mal de temps. Pour l’ambiance gothico-kitsch on est dedans.

Après cette intro, où le jour semble se coucher, une ombre apparaît : c’est elle.

Je suis en apnée. Je n’ai jamais trop eu le culte de la personne et l’idée d’être fan m’a toujours semblé étrange et bizarre. Mais là elle est devant moi à quelques mètres de moi. Elle est bizarre et j’aime ça.  

Musicalement les arrangements sont top, chaque titre est retravaillé mais l’esprit des titres version studio est présent. Juste une adaptation pour la scène avec ce petit twist qui permet aussi aux musiciens de s’exprimer.

Durant la première partie du concert la foule restait encore assez calme, avec quelques sursauts pendant « Maman a tort » et « Pourvu qu’elles soient douces »… mais les choses prennent une autre dimension quand tout le monde comprend qu’on va avoir le droit à « Sans contrefaçon » : c’est le premier titre qui déchaîne bien les foules et Mylène en ajoute car elle sait que c’est LE titre porteur pour cette tournée et pour l’album en cours d’exploitation.

« Tristana » réveille la foule. Il faut dire que ce titre est aussi bien rallongé, il reste un tube de Farmer à cette époque mais les choses sont encore plus wild avec « Libertine ». Il faut avouer que le mise en scène est d’une redoutable efficacité et que l’adaptation musicale est une véritable tuerie. Tous les éléments qui font de ce clip une sorte de ticket d’entrée pour la légende sont sur scène. (J’en arrive même à regretter que cette ambiance XVIIIème n’ait jamais été reprise depuis sur scène). La foule s’emporte, la scène explose de tous feux. C’est LE moment du concert pour le public c’est certain. On en prend plein le mirettes et on adore.

Puis doucement les choses se calment car la nuit augmente, il va falloir se souvenir dans les larmes de ce moment unique.

Mon seul regret est de n’avoir pas eu le droit à « À quoi je sers… » car le titre était encore un petit spermatozoïde qui n’avait pas encore trouvé son ovule.  

Autre petit regret, pauvre étudiant que j’étais,  j’avais l’occasion de retourner la voir pour la dernière à Bercy ou m’acheter le live qui sortait dans la même semaine : erreur stupide de jeunesse, le live j’aurai pu l’acheter plus tard.

En écoutant religieusement le CD pour me remettre dans l’ambiance (frappadingue que je suis à l’heure pile du début du concert auquel je devais assister à Bercy), je n’ai pas de suite eu le sentiment de retrouver l’esprit du live auquel j’avais assisté quelques mois plus tôt pour être honnête, mais j’étais très content de retrouver les arrangements  de ce live qui, pour moi, sont les meilleurs qui ont été réalisé depuis (tout en sachant déjà à l’époque que beaucoup de bandes étaient utilisées sur scène ce qui provoqua l’ire de certains journaux). Je corrige aujourd’hui un peu ce sentiment de ne pas avoir retrouver l’esprit du concert en ayant découvert bien plus tard les pirates de cette époque.

Ce concert était une expérience. D’abord car je n’avais pas encore fait beaucoup de concerts avant celui-ci, mais surtout il a été un peu l’étalon pour les nombreux concerts d’autres artistes auxquels j’ai assisté. Comparaison très malheureuse pour la plupart des autres artistes que j’ai vu.

Les premiers retours média : momment ne pas résister aux premiers clichés et essayer de voir si la tronche dans la fosse c’est moi ou pas … bon ce n’était pas la date de mon concert donc peu de chance.

Le live 89 reste mon meilleur souvenir live de Mylène Farmer, pour 10 000 raisons assez basiques. Tout d’abord c’est l’époque musicale que j’aime d’elle donc je suis ravi que ce concert soit une sorte de double album compilation de ses deux premiers albums (ou presque). Il s’agissait bien entendu de sa première tournée et elle a mis le curseur très, très haut pour l’époque, ce qui ne faisait que crédibiliser son professionnalisme et sa volonté de faire les choses parfaitement et jusqu’au bout.

D’arriver à recréer un univers, encore débutant, assez simplement mais quand même avec des moyens, de la créativité et de l’originalité derrière. Elle pose la première pierre à l’édifice : on n’assistera pas à un concert de Mylène Farmer, mais à un spectacle de Mylène Farmer. L’originalité : on était plutôt dans les smiley fluo qu’à l’introspective gothico-depressive à cette époque et il fallait oser proposer cela, car je ne crois pas qu’elle s’est trahie avec ce spectacle et qu’il y a de vrais morceaux d’elle dedans. Et puis cet univers faisait écho avec qui j’étais à l’époque. Ce sont ses mots qui m’ont d’abord séduits avant sa musique pour ma part (même si la musique est le point d’entrée quand même).

Je pense que ce concert est important sur le plan créatif : on est à la fin d’une époque où tout est encore un peu différent car les progrès techniques scéniques ne sont pas encore là, ce qui demande je crois plus de créativité. Le concert suivant en 96 est déjà inscrit dans une autre époque avec les premiers écrans géants qui changent tout.  

Si la machine à remonter le temps existait je ne retournerai probablement pas le jour de ce concert, mais celui de Bercy en fin de tournée car quelque chose s’est produit entre elle et le public et vivre cette ambiance et ce qui semble avoir été un moment fort aussi, car elle revenait non pas pour une petite scène mais Bercy … et pour un artiste le passage par Bercy ou l’Olympia semble être la validation ultime pour entrer dans la grande famille de la chanson française.

© Marianne Rosenstiehl
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Emilie (Annecy, 14 octobre 1989)

Octobre 89, je viens d’avoir 8 ans, mes parents divorcés m’accompagnent tous les deux au concert qui a lieu sur la Place des Romains d’Annecy, grâce à ma grand mère qui nous offre les places.

Elle a monté un chapiteau pour l’événement, ma maman se fait engueuler à l’entrée car elle a un appareil photo, mais réussi quand même à entrer, elle fait son possible pour me guider au plus près des barrières, mais je suffoque au milieu de cette foule, je dois m’arrêter… Mon père, 1m87, me portera tout le long sur les épaules (je plains ceux qui étaient derrière nous).

Noir total, et là le concert commence, j’étais petite mais ces souvenirs sont gravés à jamais dans ma mémoire. Cette personne avec une capuche qui arrive pour ouvrir la grille du décor, Carol Fredericks, avec son énorme robe et sa voix portante, nous faisait un discours de moral sur Mylène en marchant maladroitement et les étoiles dans mes yeux en découvrant que Mylène était cachée sous la robe en tenue de pyjama pour chanter « Maman a tort ».

La chorégraphie à plusieurs sur ma chanson préférée de l’époque, « Sans contrefaçon », en carreaux noir et blancs et casquette gavroche. Puis aussi l’incroyable mise en scène sur « Libertine », avec un vrai coup de feu !

8 ans, j’en ai pris plein les yeux et j’en garde un souvenir merveilleux, le début d’une longue histoire entre Mylène et ses fans. Même mes parents, plutôt Floyd que Farmer, avaient apprécié le spectacle.

Mylène Farmer sur une place de marché sous un chapiteau, qui l’aurait cru ? Qui peut encore le croire alors qu’aujourd’hui seul un stade ou la plus grande salle d’Europe peuvent l’accueillir ? Une légende de la chanson française, un mythe vivant, Mylène Farmer.

© Marianne Rosenstiehl
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Greg (Bruxelles, 20 octobre 1989)

J’ai assisté au concert le vendredi 20 octobre 1989. C’était à Bruxelles, à Forest Nationa,l et c’était le jour du tournage. Il y avait des affiches sur les portes de la salle « Souriez, vous êtes filmés pour le concert de Mylène Farmer« . Coca-Cola était sponsor, il distribuait des bobs Coca-Coca à l’entrée. On voit d’ailleurs quelqu’un qui en lance un sur la scène pendant « Sans logique ».

J’avais 14 ans et je me suis pris une de ces claques. En rentrant dans la salle, déjà ses énormes grilles fermées et on ne distinguait rien d’autres de ce qui se trouvait derrière. Le ton était donné. Quand le concert commence, que les lumières s’éteignent, je vois le moine qui vient ouvrir les portes et je me dis : « On va rien voir avec cette petite ouverture !« , et puis la vrai folie démarre quand les grilles se retirent entièrement, et puis l’apparition dans la lumière de Mylène en haut des marches. La fosse était en transe.

J’ai adoré chaque mise en scène qui collaient pour la plupart à l’ambiance des clips. Gros choc aussi sur la version de « Puisque » qui était tellement belle en live. Gros coup de cœur pour la scénographie de « Tristana », la salle toute bleutée, sous la lune, la fumée qui se déversait sur scène et dans le public.

Je me rappelle que le public était en feu, ça chantait, ça bougeait c’était inoubliable.

Et puis ce final sur cette chanson, je me rappelle avoir versé ma petite larme : non, ça ne pouvait pas finir après tout ce qu’on avait vécu pendant deux heures. Je me souviens que les gens pleuraient, hurlaient pour certains, c’était assez choquant de voir Mylène disparaître après ces deux heures de pure folie. Pour avoir fait toutes les tournées de Mylène, je n’ai jamais revécu une telle ambiance, folie, communion… et pourtant il y a eu tellement de beaux moments sur les tournées suivantes. C’est le concert où elle a été la moins bavarde aussi sur scène.

Gros, gros coup de coeur aussi sur le direction musicale de ce concert qui était vraiment exceptionnelle. Tous les gimmick, effets des singles et remixes étaient bien présents sur scène et puis cette orchestration…

Il a fallu attendre longtemps avant que le film ne sorte en VHS. Mon regret est de ne pas me voir sur le film : mais je suis deux rangées derrière le gars qui lance le bob Coca. On se console comme on peut !

A la sortie je me rappelle avoir claqué tout mon argent de poche en merchandising (programme, posters, pins…) qui était assez joli et réussi pour l’époque.

© Marianne Rosenstiehl
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Jean-Michel (Bruxelles, 20 octobre 1989)

Je l’ai vécu à Forest National à Bruxelles, dans les gradins situés sur le côté gauche de la scène. J’avais 25 ans et déjà quelques concerts au compteur mais c’était la première fois que j’assistais à un tel spectacle.

Je ne suis pas parvenu à rester longtemps assis, vite emporté par la rythmique de ses chansons. Les costumes et les chorégraphies, ce charisme qu’elle avait sur son public, cette proximité… tout cela est resté gravé dans ma mémoire à jamais.

Elle faisait revivre l’univers de ses clips sur scène, elle communiait avec nous avec tant de simplicité et tant de respect. Elle nous envoûtait littéralement pour notre plus grand bonheur.Je n’ai depuis plus raté une seule de ses tournées… et serai bien présent pour cette septième série de concerts qui nous emmènera assurément (une nouvelle fois) au septième ciel !

© Marianne Rosenstiehl
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Vincent (Tours, 11 novembre 1989)

C’était mon premier concert ….. Tours un concert sous chapiteau (pas de zénith à l’époque), une foule immense, j’étais très impressionné…

Et puis sous ce chapiteau une scène, ou plutôt une grille de cimetière …. la lumière s’éteint et pendant deux heures, ou plus je ne sais plus, une folie… « Maman a tort » avec la regrettée Carole Fredericks. Je me souviens de Mylène sortant de sous sa robe…

Je n’ai depuis manqué à aucune tournée. Vivement le 8 juin 2019 !

© Marianne Rosenstiehl
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Manuel (Metz, 25 novembre 1989)

J’avais 12 ans et demi (à cet âge là ça, compte). Ultra fan de MF depuis « Libertine », mais surtout depuis « Tristana » qui me fascinait. Je connaissais par cœur chaque note, chaque recoin de l’album « Cendres de lune » tellement j’en avais usé la cassette, et j’ai avidement fait de même avec la cassette de l’album « Ainsi soit Je… », dont la bande finit carrément par rompre à force d’écoutes compulsives dans le walkman.

Mes parents m’offrent la place, c’est le 25 novembre 1989 au Parc des Expositions de Metz.

Je n’ose y croire. Je regarde pendant des mois le billet de concert accroché dans ma chambre, avec ce visage irréel et cette phrase qui nous dit : « Le jour décroît, la nuit augmente, souviens-toi !« .

Vient le jour du concert. un samedi je crois. Je suis fasciné par le stand mershandising, et évidemment, j’ai envie de tout acheter pour me rapprocher encore plus de mon idole.

Mais comme c’est un ami de mes parents qui a gentiment accepté de m’accompagner au concert, je n’ose pas lui demander et j’acquiers quand même le programme (que je connais par cœur aussi je crois).

A l’époque, pas de différenciation gradins/fosse, pour ce concert en tous cas, et pour la modique somme de 120 francs, on avait accès à son univers pour de vrai. Étant encore gamin, on opte pour les gradins.

Je me souviens m’étonner beaucoup de l’âge du public, beaucoup de grands ados, d’étudiants, d’adultes… Ils sont tous bien plus vieux que moi. Ce public m’intrigue et me fascine.

Je ne suis donc pas le seul à l’aimer ? Ont-ils tous eux aussi ce rapport aussi intime avec elle que je pense l’avoir moi? La comprennent-ils autant que moi?

Mais pour beaucoup de ce sont des jeunes gens, dans le vent, bien sapés, un peu gothiques, que je trouve très impressionnants, et qui ont l’air de l’attendre tout autant que moi.

Le premier choc pour moi il est là. Et il n’est pas très agréable. Il bouscule un peu mon égo. Je ne suis manifestement pas le seul à aimer et surtout à comprendre Mylène Farmer. Et puis ils sont tous grands, lookés, survoltés… ça m’impressionne beaucoup.

Du concert en lui-même j’ai peu de souvenirs. Plutôt des détails.

Le son me semble très brouillon et très fort, mais c’est mon premier vrai concert. Mon passé de spectateur se limite jusqu’alors à Chantal Goya (deux fois) et à Dorothée (deux fois également).

Mylène me semble petite, et en même temps très énergique. Je suis surpris de lui trouver tous ces sourires, cette énergie dans son jeu de scène, ses déplacements. Danseur déjà à l’époque, j’ai un focus particulier sur les chorégraphies qui m’enchantent tant je les trouve réussies.

Je me souviens avoir adoré le pont de « Plus grandir », et avoir beaucoup regardé un jeune homme qui dansait comme un fou dans la fosse à ce moment là. Je me souviens des chœurs sur les refrains de « Sans logique », où on entendait particulièrement Carole Fredericks.

Je me souviens de cette petite boule-lanterne qui se balançait durant « Maman a tort » et qu’on remarque assez peu sur la vidéo du concert. Elle m’intriguait, j’aimais beaucoup, un peu comme une petite présence un peu féerique, comme un feu-follet bienveillant, une sorte de fée clochette. Je me souviens avoir adoré cette version de « Maman a tort ».

Je me souviens avoir été très impressionné par le bruits d’orage, de tonnerre avant et après « Puisque », chanson que je ne connaissais pas et que j’ai tout de suite adorée.

Je me souviens de mon kiff total en découvrant les « pou-pou-pou-pou-pou-pourvu qu’elles soient douces” de l’intro de « Pourvu qu’elles soient douces ». Je trouvais ça génial. J’essayais de m’en souvenir et de la rechanter à mes copains de classe en attendant la prof de maths dans le couloir du collège quelques jours après. Je me souviens de « et le public de Metz ! » à la fin de cette chanson (et d’avoir trouvé dingue qu’elle connaisse cette ville).

Je me souviens de la grande ferveur du public sur « Allan » et en particulier sur « A quoi je sers… », dont j’avais adoré l’intro. Je me souviens de quelque-chose de très fort à ce moment là.

Chose très particulière, j’ai en tête une image de Mylène chantant une chanson lente, assise sur un tabouret, et l’impression aujourd’hui que c’était « Dernier sourire ». Manifestement, c’est mon cerveau qui me joue des tours, puisque aucune trace n’existe d’un tel moment.

Je me souviens avoir beaucoup aimé « Jardin de Vienne », une de mes préférées à l’époque, et en particulier son outro magistrale.

Je me souviens des loups, de mon énorme plaisir intérieur lors de cette intro de « Tristana » que je trouvais dingue (je ne connaissais pas l’extended à l’époque), de ma fascination pour le tableau. Et d’avoir été très surpris aussi par les coupures-reprises sur « Sans contrefaçon », « Tristana » et « Libertine ». je me disais que c’était quelque-chose qui devait se faire en concert à l’époque. Une sorte de rituel/code, comme la présentation des musiciens par exemple.

D’une manière générale, musicalement, j’étais totalement ravi des digressions musicales qui développaient les chansons, et que j’ai retrouvé plus tard en découvrant les maxis, les clips en VHS, et à la sortie de « Dance Remixes ».

Je me souviens du visage de Mylène enfoui dans ses mains durant « Ainsi soit Je… », qu’elle secouait la tête de désarroi, et qu’elle l’avait très peu chanté.

Je me souviens à peine de la suite, si ce n’est de son au revoir sur « Je voudrais tant que tu comprennes », des gens qui pleuraient, d’une lumière violette…

Ce concert m’a laissé hébété. Mais finalement plus pour tout ce que je découvrais à l’époque : le public, les fans, un vrai concert, le son, les effets spéciaux, la musique… que par Mylène Farmer, elle-même dont je garde très peu de souvenirs.

Je suis resté assez extérieur au concert, étant, de part mon âge et mon inexpérience des concerts, resté très passif, très spectateur.

Très vite derrière (10 jours à peine je crois) sont sortis “Allan” et le double CD live.

Cette manière de prolonger immédiatement ce moment était génial pour moi. Les notes revenaient confirmer mes souvenirs, et j’ai passé des heures de plaisir à écouter le CD. Mon dieu cette intro de « Tristana »…

Plus tard, bien plus tard en 96 j’ai vécu le concert d’Amnéville puis ceux du Mylenium Tour en 99/2000 de l’intérieur, au premier rang, en dansant, en chantant, en pleurant, en riant, en profitant pleinement du concert et de sa présence et prestation à elle.

Mais ce 25 novembre 1989 à Metz, un encore petit garçon a été bouleversé par un univers oh combien singulier, et jamais retrouvé depuis.

© Marianne Rosenstiehl
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Alexandre (Liévin, 26 novembre 1989)

Personnellement je suis allé au concert de 89 un peu par hasard. J’avais 11 ans, ma meilleure amie y allait avec sa mère. Elle a proposé à ma maman que je les accompagne à Liévin. Comme j’aimais « Sans contrefaçon » et « Pourvu qu’elles soient douces », elle a dit ok. J’y suis allé sans grande conviction. Aucune idée de ce que j’allais voir.

Choc absolu. Un sensation jamais ressentie auparavant ni depuis. Une déesse devant, loin, un public en folie. Toute la salle debout. Quelque chose a changé en moi ce jour là.

Je me souviens, à la fin du concert, en sortant de la salle, des gens assis par terre, parfois seuls, entrain de pleurer toutes les larmes de leur corps. Comme s’ils avaient perdu quelqu’un de proche. C’était très choquant pour moi qui n’étais qu’un enfant.

Mes parents racontent que depuis que je suis rentré chez moi ce soir là, je n’ai plus jamais été le même. Moi qui était si solitaire : pas un doudou dans mon couffin n’a trouvé sa place quand j’étais bébé, fan de personne, introverti. Soudain je ne vivais plus que pour elle. Et ça ne m’a jamais quitté depuis 30 ans. Elle est ma plus longue histoire d’amour !

Voilà. Je regarde encore ce concert très souvent. « Puisque » me bouleverse toujours autant. La qualité de la vidéo de ce concert dépasse la qualité de certains autres beaucoup plus récent.

C’est un concert à part dans sa carrière, unique, qui a fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. N’oublions pas non plus qu’à cette époque le public était très varié. On trouvait beaucoup dans la salle des punks, des anarchiques, qui ont un décroché à l’époque « Anamorphosée ».

© Marianne Rosenstiehl
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Michel (Liévin, 26 novembre 1989)

Le premier concert de Mylène Farmer auquel j’ai assisté restera pour toujours gravé dans ma mémoire et dans mon cœur.

J’avais 16 ans, et c’était mon tout premier concert, tout artiste confondu. C’était surtout la concrétisation d’une admiration croissante pour une artiste que j’avais découvert en 1984 avec « Maman a tort », et pour laquelle j’ai définitivement succombé en découvrant le clip de « Tristana » à la télévision.

Les grilles fermées au travers desquelles on pouvait deviner les pierres tombales. Le « tic, tac » de « L’horloge ». Le moine capucin. Et la lumière qui jaillissait d’un tombeau, découpant la silhouette de celle qui à l’époque était pour moi la seule qui semblait comprendre ce que je ressentais.

Le concert s’est déroulé comme dans un rêve mais j’ai le souvenir très précis de me rendre compte que devant moi sur cette scène se tenait une femme de chair et de sang et non un être éthéré.

Même si j’ai dû assister depuis à des dizaines de concerts d’artistes incroyables, y compris les autres tournées de Mylène Farmer, je n’ai jamais plus ressenti une émotion d’une telle intensité depuis. C’était un moment hors du temps, hors de l’espace. Une messe païenne, une communion indescriptible…

Ce spectacle a définitivement scellé mon admiration et mon respect pour cette femme qui a forgé, adolescent, ma culture musicale et littéraire et mon goût pour l’esthétique sombre et bizarre, qui subsiste encore aujourd’hui.

Même si mes préférences musicales ont évoluées, même si l’homme que je suis aujourd’hui n’est plus l’adolescent d’alors, ce concert du 26 novembre 1989 continuera toujours à faire vivre cette part de moi.

© Marianne Rosenstiehl
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Céline (Mulhouse, 5 décembre 1989)

Pour commencer, je me suis retrouvée dans la fosse et parmi la foule.. Et pourtant, j’avais l’impression qu’il n’y avait qu’elle et moi.. tellement j’étais connectée, et cela pendant tout le concert : plus rien n’existait autour de moi.

Dès les premiers instants j’ai été impressionnée. Et à la fin, lorsqu’elle disparaît je n’ai pas pu retenir un sanglot.. puis le vide… Oh non, ça ne pouvait pas s’arrêter là !

A la fin du concert, comme j’étais à pied, je suis passée derrière la salle et je me suis arrêtée un instant car il y avait des véhicules, espérant peut-être voir Mylène. C’est à ce moment là qu’un gardien avec un chien s’est approché de moi et me dit tout de go : « Si vous attendez Mylène, c’est trop tard, elle est déjà partie. Demain, elle sera à Strasbourg, elle dors à l’hôtel ce soir« . Et je lui réponds : « J’espère qu’elle est installée à l’Hôtel du Parc au moins« .

Et lui me dit carrément : « Non elle est à l’hôtel Altea« .

Sans que je demande quoi que ce soit, j’avais les réponses à mes questions. Du coup, qu’est-ce que je fais ? J’y vais bien sûr ! Je fonce, je vole..

Arrivée à l’hôtel Altea vers minuit, je rentre dans le hall, et reconnais Mamadou qui est à l’accueil. Travaillant dans le tourisme, on se connaît tous. Je lui dis que j’étais au concert de Mylène Farmer et il me propose de l’attendre car elle est au restaurant de l’hôtel avec sa troupe ! Je n’en reviens pas, cette soirée se déroule comme un rêve…

Évidemment, je suis la seule à l’attendre dans le hall, et Mamadou, pour m’occuper, me donne la liste des chambres à photocopier. Et devinez les chambres de qui ? De Mylène et de sa troupe ! Donc j’avais le numéro de sa chambre : 416… Mais ne rêvons pas, je n’y suis pas allée.

Après quelques heures d’attente, vers 2 heures du matin, deux garçons de 8/10 ans se pointent avec des énormes photos de Mylène, ça m’a fait sourire car je n’avais qu’une carte postale portrait de Mylène en noir et blanc.

Mamadou me préviens : « elle arrive« .

Dès son apparition, les deux garçons se précipitent vers Mylène pour demander un autographe. En deux secondes ce fut chose faite.

Et à mon tour, je m’avance vers elle près du comptoir, elle est accompagnée de Thierry Suc qui porte un pull avec Milou (ça m’a marquée), et y dépose ma petite carte postale que j’aplatis des mains car je l’avais dans ma poche. Et là j’attends les yeux fixés sur la carte.

Des minutes passent et d’un coup Mylène se tourne vers moi avec un grand sourire (elle avait des lunettes de soleil, sinon j’aurais été instantanément liquéfiée) et me dit : « C’est pour qui ? » Le temps s’est arrêté à ce moment là.

Je suis restée sans voix, les yeux écarquillés, le cœur battant la chamade… Après un effort, j’ai enfin pu prononcer non sans mal : « … pour… Céline…« . L’autographe signé, elle a disparu dans l’ascenseur…

© Marianne Rosenstiehl
© Marianne Rosenstiehl

Stéphane (Mulhouse, 5 décembre 1989)

Curieux de la carrière de Mylène depuis 1986, je me souviens avoir découvert les premières images du spectacle au Palais des Sports dans un magazine. J’ai alors demandé à mes parents d’y aller car elle devait passer à Voujeaucourt près de Montbéliard, le 28 novembre. Ils ont accepté, mais le concert a été annulé. Alors les places étant disponibles pour Mulhouse, ils m’y ont emmené ! C’était le 5 décembre 1989.

Je me souviens d’un froid dehors, d’être arrivé à 17h30 et qu’il n’y avait quasi personne devant les portes ! J’ai sympathisé avec deux filles et un garçon fan de Jeanne Mas ! Je me souviens d’une tension palpable avant le début du spectacle, le public était impatient et stressé à la fois. Beaucoup étaient habillés couleur foncés, il y avait aussi quelques gothiques.

Je me souviens d’une ferveur générale lors du commencement. J’étais au premier rang contre les grilles et en plein milieu ! J’ai vu passer quelques personnes qui s’évanouissaient. J’hallucinais de cela.

Je me souviens d’un enchaînement de tableaux qui me fascinaient, de moments heureux malgré les pleurs de Mylène. D’une explosion d’acclamations de la salle à la fin de « Libertine ». Et puis pendant les « Mouvements de lune », des premiers craquages dans la salle, les filles en pleurs. Deux d’entre elles avaient déjà vécu un concert à Paris. Je me souviens ensuite de la première chape de plomb lorsque les grilles se referment puis que les lumières se rallument. La salle du Palais des Sports était comme marqué.

Je me souviens enfin d’avoir retrouvé mes parents à la sortie, d’avoir un peu pleuré dans la voiture, avec la sensation d’avoir vécu un moment intense et unique. Mes parents ne comprenaient pas bien pourquoi je pleurais. Et puis je les ai emmenés au Tour 2009, ils ont vécu le moment, ils ont compris. Depuis je les emmène à chaque tournée parce que je les aime et qu’ils m’ont fait ce cadeau il y a 30 ans d’avoir dit oui. Aujourd’hui j’ai 45 ans, ma passion pour Mylène m’a permis de m’ouvrir à la musique, j’écoute de tout, je fais environ 30 à 40 concerts par an, mais quand c’est Mylène sur scène cela est, et restera, toujours unique. Prochain rendez-vous avec mes parents le 14 juin 2019 !

© Marianne Rosenstiehl
© Marianne Rosenstiehl

Clément (Bercy, décembre 1989)

Je suis allé voir le concert de Mylène Farmer à Paris Bercy, je ne me souviens plus quelle date précise, mais je devais avoir alors 12 ans ou plutôt 13 car mon anniversaire est en fin d’année.

Quand j’étais plus petit, j’étais fan de Michael Jackson et j’attendais l’émission « Les enfants du Rock » pour voir le clip de « Thriller ». Et en attendant, ils ont montré une jeune chanteuse et son clip : « Plus grandir ». Ça m’a choqué et laissé un souvenir incroyable. Des mois après Mylène a sorti “Libertine” mais je n’avais pas fait le lien entre la rousse et la brune que j’avais vu dans le clip « Plus grandir ».

Quand est sorti le clip de « Tristana », tout s’est mis en place dans ma tête et j’ai compris que c’était la même artiste. J’ai fait chier mes parents pour qu’ils m’achètent le 33 tours de « Cendres de lune ». Quand « Sans contrefaçon » est sorti et l’album « Ainsi soit Je… » ça a été un raz-de-marée. Mylène était devenue une star qui alignait les tubes et les télés. Je découpais les articles des journaux. Bref, j’étais fan.

Quand j’ai su qu’elle allait passer à Bercy, j’ai encore fait chier mes parents pour qu’ils m’amènent la voir. J’étais trop jeune pour y aller tout seul, et mes parents trouvaient que Mylène était glauque et morbide. Bref, mon père s’est dévoué pour m’emmener et là ça a été le choc.

J’avais vu des concerts avant, mais le souvenir que je garde de ce concert est gravé dans ma mémoire. Je n’avais jamais vu ça. J’attendais les titres phares bien sur, mais je ne m’attendais pas à une telle mise en scène, les décors, les changements de costumes, d’ambiances à chaque chansons… C’était un spectacle total !

Quand je pense aujourd’hui au Tour 89, j’y repense avec nostalgie mais je comprends aussi que ce concert était la continuité de l’univers de Mylène et Laurent sur scène. Tout avait été recréé pour la scène, les loups de « Tristana », le cimetière, le duel de « Libertine »… La transcription de son univers sur scène était une totale réussite. Les arrangements réalisés pour les chansons étaient aussi une réussite, reprenant les arrangements studios, les gimmicks des maxi 45 tours et en y ajoutant une dimension live. Pour moi ca reste mon concert préféré de Mylène parce que je trouve que tout était parfait : les arrangements, le son, les chorégraphies, les costumes, sa voix. Là où je trouve que sur le Tour 96 le son était trop froid, sa voix trop haut perchée…

La suite appartient à l’histoire mais je pense que les fans de la première heure comme moi, ont eu du mal avec la suite, parce que ce qu’elle a proposé dans les années 80 n’avait pas d’égal. C’était le reflet de nos âmes d’adolescents. je reste fan de Mylène mais je regarde avec plus de distance aujourd’hui. Reste le souvenir de ce concert.